Dermatose nodulaire : ne pas déclarer un cas serait « irresponsable et dangereux »
Dans un mouvement de révolte contre l’abattage total des foyers de dermatose nodulaire contagieuse (DNC), certains éleveurs ont appelé sur internet à ne pas déclarer des cas dans leur élevage. En plus du risque de contraventions, l’enjeu sanitaire est grand.
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La lutte contre la dermatose nodulaire contagieuse (DNC) menée par la ministre de l’Agriculture Annie Genevard se veut collective et à l’échelle nationale. C’est pourquoi, entre autres, la mesure d’abattage total aspire à protéger les cheptels autour des foyers contaminés. Mais Jérôme Pinet, vétérinaire en Ariège, plaide pour une alternative, au risque de voir des éleveurs ne pas déclarer les cas dans leurs troupeaux. « La situation où un éleveur n’appelle pas son vétérinaire lorsqu’il suspecte un cas dans son élevage pour éviter l’abattage de son troupeau n’est pas une hypothèse, c’est une certitude », insiste-t-il dans une lettre ouverte adressée au premier ministre, Sébastien Lecornu, le 20 décembre 2025.
3 ans d’emprisonnement et 3 750 euros d’amende
Et c’est une tendance qui a été observée sur les réseaux sociaux, où des éleveurs confiaient « hésiter » à déclarer les cas, si la maladie apparaissait dans leur cours de ferme. Pourtant, les risques sont gros. D’abord, les indemnisations peuvent ne pas être attribuées en cas de non-respect des mesures de lutte. À cela s’ajoutent des amendes en cas de transport, à hauteur de 750 euros par bovin.
Enfin, « s’il y a une contagion qui résulte d’un non-respect de mesures en termes de biosécurité suite à un arrêté préfectoral de déclaration d’infection, on est dans l’ordre de 3 ans d’emprisonnement et 3 750 euros d’amende », rappelle le cabinet d’Annie Genevard lors d’un brief off le 17 décembre 2025.
Le virus persiste longtemps dans l’environnement
« Appeler à ne pas déclarer les cas est irresponsable et dangereux », dénonce Stéphanie Philizot, présidente de la société nationale des groupements technique vétérinaire (SNGTV), lors d’une conférence de presse le 16 décembre 2025. La défense d’un troupeau individuel ne prend pas en compte celle des troupeaux autour, selon elle. « Ils prennent des positions dangereuses, appuie-t-elle. La persistance du virus dans l’environnement est très longue. Même s’ils ne déclarent pas, la maladie va continuer de revenir dans leur exploitation ».
La précocité de la détection de la DNC dans les fermes est cruciale dans la stratégie de lutte. « Cette précocité de détection est de la responsabilité des éleveurs, explique Stéphanie Philizot. L’absence de déplacements également. Si on n’a pas tous ces éléments, on n’y arrivera pas, vaccination nationale ou non ».
Malgré la vaccination déployée sur le sud-ouest de la France, des cas de dermatose nodulaire continuent d’émerger. Entre le temps d’une réponse immunitaire correcte au vaccin et le temps d’incubation du virus, selon la vétérinaire, « on commence à pouvoir respirer 60 jours après la phase vaccinale. Avant ça, on ne peut pas considérer qu’il n’y a pas de risques ».
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